Papa est là

Papa est là

C’est vendredi. Pour une raison que je ne saisis pas, je me suis réveillée toute pleine d’espoir, le coeur léger. J’avais oublié cette sensation de légèreté, qui s’apparente à la lumière des joies quotidiennes, de l’âme qui profite de la vie, oubliant ses incertitudes. Je ne réalise pas à quel point mon cœur est d’habitude lourd, comme s’il portait en lui tous les nuages du ciel. Aujourd’hui, comme par miracle, j’ai le sourire aux lèvres, je flotte sur un nuage, j’ai envie de chanter et de danser avec mes enfants.

Le bébé dort encore, mais ma fille est réveillée. J’entends ses petits pas arriver jusqu’à moi. Elle souffle « Mama ». Je pense au jour où je ne serai plus pour elle cette créature magique qui lui suffit. Je me sens reconnaissante de pouvoir savourer ces moments. Je la prends tendrement dans mes bras en lui caressant les cheveux. Mes baisers scandent un « je t’aime » infini qui résonne au tréfonds de moi. Elle se laisse dorloter, puis me dit: « Viens, maman. » J’obéis. Je la porte dans mes bras. Elle soupire d’aise. Ces moments lui manquent, je le sais. Elle est jalouse de l’attention constante que je porte à sa soeur, du fait que je porte cette dernière tout le temps. « Prends moi, maman. Mets le bébé au lit », m’ordonne-t-elle souvent, fâchée d’être oubliée. « Le bébé a besoin de moi, mon amour. Mais, on jouera ensemble toi et moi dès que le bébé fera dodo. » À moitié rassurée, elle s’en allait prendre ses poupées.

Je descends au salon. Je l’installe sur le sofa et j’allume la télé. Je lui mets Gabby et la maison magique, son émission préférée pour le moment. Elle va chercher Pandy dont elle adore les câlins surprise. J’apporte le moniteur avec moi, dans la cuisine, pour m’assurer d’entendre le bébé à son réveil. Je fais bouillir un oeuf. Ma fille me rejoint dans la cusine et me demande de mettre le beurre d’arachide sur sa tartine. Je la laisse faire et lui verse du chocolat au lait dans un gobelet.

Le bébé s’est réveillé. Je l’entends qui gazouille. Je réinstalle mon aînée sur le sofa, place le petit déjeuner sur la petite table devant elle et monte chercher le bébé. Grande sœur et petite soeur se rencontrent sur le sofa et s’échangent des baisers. Grande sœur répète à sa soeur combien elle l’aime. Petite soeur sourit, heureuse de l’attention qui lui est accordée.

Je retourne dans la cuisine et m’apprête à mélanger le lait de chèvre en poudre, Kendamil, à l’eau tiède du thermos dans un biberon. Le bébé me regarde faire avec attention. La maison est calme et respire la propreté. Je ressens un élan d’affection pour mes parents et leur présence rassurante dans ma vie. Afin de nettoyer la maison, j’ai dû demander à mes parents de garder les enfants la veille, pour la journée entière. J’ai passé l’aspirateur dans toutes la maison et j’ai ensuite utilisé la serpillère à vapeur… Je suis allée reprendre les enfants tard dans la soirée…

Il sera bientôt 16h. Les heures se sont succédé, sans heurts, sans anxiété. Une journée parfaite. Bientôt, mon mari rentrera à la maison. Mon aînée est sur le tapis du salon, en train de jouer… Sa soeur qui traine à côté d’elle, s’amuse à faire tomber la tour en blocs qu’elle construit. Leurs rires fusent dans la maison. Je suis moi-même par terre, adossée au pied du sofa. Je regarde les arbres de notre jardin, dehors, aux feuilles dansantes sous la brise. Comme le printemps est beau. J’entends la porte d’entrée qui s’ouvre. Mon aînée tend l’oreille. Elle se lève avec précipitation et court vers lui. Papa est là.



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